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Kalil Traoré

Kalil Traoré
Doctorant

Université Bretagne Sud - Campus Tohannic
Bâtiment Yves Coppens
Bureau C048

kalil.traore@univ-ubs.fr

Compétences

Géomorphologie
Géophysique marine

Stratigraphie séquentielle
Télédétection

Photogrammétrie SfM
Analyse spatiale de la donnée

À propos

Après un Master en Ingénierie et Géosciences du Littoral à l’Université de Caen Normandie, Kalil Traoré prépare son doctorat au LGO, depuis octobre 2018, sur la géométrie de la couverture sédimentaire en Baie de Saint Brieuc sous la direction de David Menier et co-encadrement de Erwan Gensac. Il cherche à retrouver la signature des événements climatiques majeurs qui ont marqué l’histoire de la remontée du niveau marin depuis le début de la dernière période interglaciaire, il y 11 700 ans, en utilisant des outils géophysiques tels que le Sonar à balayage latéral, le sondeur multifaisceaux, et la sismique réflexion haute résolution. En parallèle, il s’appuie sur une combinaison d’outils et de disciplines notamment l’imagerie satellitaire, la photogrammétrie SfM par drone, l’hydrodynamisme et la sédimentologie, pour étudier la dynamique sédimentaire actuelle dans le fond de la Baie de Saint Brieuc (Anse d’Yffiniac et Anse de Morieux). L’idée générale est d’arriver à une synthèse des mécanismes de transfert sédimentaire entre le large et la côte à différentes échelles spatio-temporelles.

Interview : doctorant en géophysique marine et géomorphologie côtière.

Quel est votre parcours académique ?

Après une Licence de géologie au Mali d’où je suis originaire, j’ai poursuivi en France en effectuant une Licence en Science de la Vie, de la Terre et de l’Environnement à l’université du Mans, puis un Master en Ingénierie et Géosciences du Littoral à l’Université de Caen Normandie où je me suis spécialisé en Télédétection et Photogrammétrie Structure from Motion (SfM). Je réalise, depuis Octobre 2018, mon doctorat sur l’architecture de la couverture sédimentaire de la Baie de Saint Brieuc, au Laboratoire Géoscience Océan, Université Bretagne Sud.

Quel est l’objet de votre thèse ?

Mes travaux portent sur la dynamique de construction du remplissage sédimentaire de la baie de Saint Brieuc à différentes échelles spatio-temporelles. J’essaie de comprendre les processus physiques à l’origine du comblement sédimentaire de la Baie ; d’abord à l’échelle des 10 000 dernières années (remontée du niveau marin en lien avec l’héritage structural), puis à l’échelle des dernières décennies dont l’objectif est de chercher des marqueurs d’évènements météorologiques exceptionnels dans la morphodynamique des corps sédimentaires côtiers par télédétection et photogrammétrie (SfM).

Voir la thèse

Pourquoi avoir choisi un métier et des études en lien avec la mer ?

Cette question intéressante me rappelle une petite anecdote sur un proche parent qui me demandait ce que je faisais comme étude, je lui ai répondu « les géosciences marines » ; d’un air étonné, il me rétorque « mais pourquoi diable une spécialité tournée vers la mer alors même que nous n’avons pas de mer au Mali ?! ». Sans défense aucune, je lui ai répondu avec un humour de géologue, « mais le Mali est à près de 50% du désert, cet immense désert à perte de vue est le vestige de millions d’années d’histoire marine. Le savais tu ? ».

Passionné de sciences, surtout celles de la terre, j’ai toujours eu un goût prononcé pour la compréhension des processus physiques à l’origine de la formation de l’environnement qui nous entoure. De nature curieuse, j’ai découvert, au cours de mon parcours, un large champ disciplinaire, autour des géosciences, qui a contribué à alimenter cet amour pour les sciences de la terre et de l’environnement. Je garde, par ailleurs, la certitude qu’il faut aller au-delà de la barrière terre/mer pour arriver à une compréhension globale des systèmes sédimentaires et les processus qui y sont associés. Et c’est ce que j’essaie de faire tout au long de mon parcours.

Pourquoi la baie de Saint-Brieuc comme sujet d’étude ?

Time-lapse créé à partir des images satellitaires (Landsat 7, 8 et Sentinel 2) pour le suivi de la migration des bancs de sable intertidaux (Embouchure du port de Léguer, en baie de Saint Brieuc).

J’ai choisi la baie de Saint Brieuc via une candidature à une offre portant sur un domaine correspondant à ce que je recherchais. La thèse proposait une démarche méthodologique couplant approche naturaliste et physique à l’étude de la dynamique morphosédimentaires entre le large et la côte de la baie de Saint Brieuc. Je tirais justement ma grande motivation de cette dualité thématique-méthodologique. Par la suite, j'ai eu l’honneur et le plaisir d’être le candidat sélectionné pour mener ces travaux de thèse.

Par ailleurs, ma thèse s’inscrit dans le cadre d’un projet plus global débuté en 2016. Ce projet de recherche est porté par l’université Bretagne Sud via mon directeur de thèse David Menier en collaboration avec la réserve naturelle de Saint-Brieuc et la région Bretagne. L’idée étant de comprendre les processus morphosédimentaires caractérisant cette portion côtière afin d’aider à mieux prédire son évolution future et à définir les conditions d’une exploitation durable des ressources côtières dans un contexte de changement climatique.

Quelles sont les particularités de la baie de Saint-Brieuc ?

La baie de Saint-Brieuc présente la particularité d’avoir un socle précambrien vieux de plus 600 Millions d’années, faiblement incisé, et sur lequel repose directement de maigres dépôts sédimentaires Holocène (~10 000 ans) sous la forme de bancs de sillage. Cette configuration originale, associée à un contexte macrotidal, fait de la baie de Saint Brieuc une zone d’intérêt scientifique exaltant.

Modèle Numérique de Terrain de l’Anse de Morieux issu de la reconstruction 3D de la topographie par photogrammétrie SfM par drone.

Vous venez de publier votre premier article dans Geoscience Frontiers, pouvez-vous nous expliquer l’objet de cette publication ?

Modèle conceptuel de synthèse de la dynamique passée et actuelle du banc de la Horaine illustrant son rôle potentiel dans l'apport sédimentaire des côtes adjacentes.

Ce premier article, dans le cadre de ma thèse, est une synthèse des travaux menés au cours de mes deux premières années, avec un zoom sur le banc sédimentaire de la Horaine (NW Baie de Saint Brieuc). Nous mettons en évidence les changements environnementaux ayant ponctué la remontée du niveau marin depuis les 10 000 dernières années, et dont la signature est observable dans la géométrie des sédiments composant ce corps sédimentaire.

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Vous arrivez bientôt au terme de votre doctorat, quel bilan tirez-vous de cette expérience ?

S’il m’est donné de me livrer à l’exercice, je répondrais par des mots clés dont : autonomie, rigueur, remise en question permanente de la pertinence des hypothèses ou approches, argumentation, justification et exposition permanente aux critiques de mes choix par les pairs. Cette expérience forge l’humilité. Ces années de thèse m’ont aussi permis de prendre conscience de toute la complexité et la rigueur qu’implique un travail scientifique. Enfin, c’est une expérience professionnelle et humaine fort enrichissantes, c’est donc un bilan très positif.

Selon vous, quel est le rôle de la science dans la compréhension des mécanismes de changement climatique et de remontée du niveau marin ?

La nécessité de la démarche scientifique pour la compréhension des facteurs à l’origine du changement climatique est, à mon sens, probante. Je reste convaincu qu’il n’y a que par la science qu’on arrive à des conclusions objectives. Les travaux scientifiques visant à comprendre le passé de notre environnement nous permettent aussi de mieux savoir où l’on va et nous aident à développer des stratégies d’adaptation intelligentes face aux potentiels changements à venir. Par exemple, notre dernier article sur la construction du banc de la Horaine en baie de Saint-Brieuc met en évidence les changements environnementaux ayant ponctué la remontée du niveau marin depuis les 10000 dernières années. Cela permettrait de mieux séparer les facteurs naturels et l’impact de l’homme dans l’évolution cet environnement.

Comment transmettre ces connaissances au plus grand nombre ?

Je crois qu’il faut d’abord arriver à enflammer l’enthousiasme du grand public pour les connaissances scientifiques ; en déconstruisant ce cliché présentant la science comme un domaine réservé à un groupe restreint d’individu que sont les scientifiques et qu’il y aurait une sorte de « culture scientifique ». La science doit être au cœur de notre rapport au monde, et faire partir de la culture à part entière. Surtout dans un monde digital caractérisé par un foisonnement sans précédent de l’information de tout genre.

Il faut une reconstruction de l’inconscient collectif autour de la culture scientifique en cassant les barrières par des programmes de vulgarisations massives, s’ouvrir davantage à de nouveaux concepts comme « la science participative ». C’est ce que le LGO essaie de faire via le projet ‘Observatoire Citoyen du Littoral Morbihannais’, ou par exemple l’exposition prévue à la maison de la baie de Saint Brieuc en juin 2021.

Vous avez de futurs projets de recherche en tête ?

Mon projet futur en tête, est en lien avec la géospatial data science. En effet, nous assistons depuis quelques années à une explosion des données satellitaires avec, par exemple, le programme Copernicus de l’Union Européenne. Ce projet a permis le lancement d’un certain nombre de satellites collectant des données, en flux continu, sur la terre (images, climat, météo, océanographie).

Cela représente une quantité phénoménale de données qui nous ouvre la porte vers le monde fascinant des sciences de la donnée pour les géosciences. Il est donc plus que nécessaire de développer des outils d’analyse adaptés à ces types de données pour en tirer une meilleure partie et apporter des connaissances nouvelles sur les processus physiques de la terre. Je souhaiterais mener des recherches postdoctorales sur l’élaboration d’une approche méthodologique appliquée à la dynamique morphosédimentaire des zones côtières.

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